EELV Nantes demande la réouverture des jardins familiaux et partagés
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Communiqué de presse du groupe local EELV (Europe Écologie – Les Verts) – Nantes

EELV Nantes demande la réouverture des jardins familiaux et partagés

Nantes, le 5 avril 2020

Le 23 mars dernier, la Ville de Nantes faisait savoir aux associations et personnes concernées  que l’accès aux jardins familiaux et partagés serait désormais interdit en application de la loi d’urgence n° 2020-290 du 23 mars 2020, votée par le Parlement pour lutter contre la pandémie de covid-19.

Cette décision n’est pas sans effet, notamment dans les quartiers d’habitat social. En effet, dans ces quartiers, l’activité de jardinage est parfois – pour des habitant·e·s confiné·e·s entre les murs d’appartements qui ne possèdent pas toujours de balcon – un moment de respiration plus que nécessaire dans une journée contrainte. Mais c’est aussi, pour les plus démuni.e s, une activité aux conséquences économiques non négligeables puisque cela permet de se nourrir à moindre frais.

Le groupe local d’Europe Écologie – Les Verts (EELV Nantes) demande donc aux autorités compétentes de rouvrir les jardins familiaux et partagés. Cela exige de mettre en place certaines règles pour protéger les personnes des effets de la pandémie, soit en faisant appel à un personnel spécifique mandaté par la Ville de Nantes, soit en s’appuyant sur les associations de jardinières et jardiniers pour qu’elles organisent les activités de leurs membres en concertation avec les autorités. Ne pourrait-on pas faire confiance au civisme des jardiniers dans un lieu et un contexte où la distanciation entre les personnes est beaucoup plus facile à organiser que dans un commerce ?

Le groupe local EELV Nantes appelle donc, dans un premier temps, à relancer la concertation avec les associations de jardins familiaux pour que des solutions soient trouvées qui préservent, à la fois, la santé publique et la culture des jardins.

Témoignages de jardiniers :

Au Breil :

M. : « C’est désolant cette interdiction. On n’est jamais à moins de dix mètres de son voisin en jardinant. Pendant ce temps les jeunes se détendent sur le terrain de sport voisin de chez moi sans prise en compte des gestes barrières. J’avais préparé ma parcelle avant l’interdiction. Mais maintenant, il faudrait que je sème. »

Aux Jardins de l’Amande à Nantes nord :

Pascal Léon : « La réouverture des jardins doit se faire rapidement pour des raisons évidentes de ressources vitales indispensables aux personnes les plus démunies mais aussi pour que les jardiniers qui habitent bien souvent en appartement puissent prendre l’air de façon intelligente et constructive et avoir, par la même occasion, une activité physique et se ressourcer mentalement. Ceci exige néanmoins des règles, les mêmes que celles applicables partout ailleurs. C’est à cette seule condition que la réouverture pourra s’effectuer sans aucun risque. Que chacun se prenne en charge pour que le collectif puisse bénéficier de cet « effort ». J’ai une pensée particulière pour tous les jardiniers qui ne vivent que pour leur parcelle individuelle… Il suffit d’aller voir ces jardins familiaux (environ un millier sur Nantes) pour comprendre que, d’avril à octobre, ces lieux sont vitaux pour bon nombre de ses locataires. C’est aussi à cette même période qu’il faut faire les premiers semis en pleine terre sinon la production risque d’être considérablement compromise. Une réouverture le plus tôt possible avec (pourquoi pas) un engagement écrit – et moral – de chaque personne impliquée me paraît représenter une bonne solution entre le respect du confinement et… la santé des jardiniers. »

Aux Jardins de la Crapaudine (Nantes sud) :

M. : 70 ans, veuve, elle jardine depuis vingt ans. Elle vit avec la pension de réversion de son mari maçon de 300 € plus son minimum vieillesse, soit 900 €/mois. Elle paye 497 €/mois de loyer: « J’allais tous les jours un peu le matin et après-midi. Je n’aime pas aller en ville me promener, je faisais mon jardin toute seule, ça me faisait du bien. Je ne voulais pas être enfermée chez moi. Je faisais attention. Avec les voisins, on se parlait de loin. J’ai fait des semences de tomates et de poivrons sous serre, tout est en train de perdre ; j’ai des pommes de terre stockées dans ma cabane que je ne peux pas aller chercher ; j’ai des choux qui sont à perdre…. Je voulais faire des plants de concombres et de courgettes et de citrouilles, des salades, je ne peux rien faire. Les petits pois, les fèves que j’ai semés, sans arrosage sont en train de crever ».

L. : 70 ans, veuve, son loyer est 524 € (APL coupées depuis janvier) pour 1060 € de retraite :  » Ça fait environ 15 ans que j’ai mon jardin. J’avais des fèves et des petits pois s’ils ne sont pas arrosés, c’est foutu ! Je n’avais pas mis mes patates, elles doivent être trop germées… Ça me met le moral à zéro. Ça me manque beaucoup, j’y allais tous les jours. C’est dommage. J’ai un monsieur à côté de ma parcelle (« il y a une division mais ce n’est pas fermé », qui est là depuis un an ; il y allait quasiment tous les jours, mais bien sûr on restait bien à l’écart »). Si on a
l’autorisation, je vais y retourner, bien sûr »

M.-L. : Elle jardine depuis 18 ans. Elle a mis un enclos dans sa parcelle (qui, autrefois, était partagée avec sept autres parcelles) parce qu’elle en avait « marre des incivilités, mais ça m’a coûté pour 80 € de matériel quand même ». Cela lui permet de continuer à jardiner une heure par jour : « J’y vais tous les jours désherber un peu, mais je ne peux pas faire mon jardin en entier ; je tiens compte des consignes qu’on me donne, pas de rassemblements, pas plus d’une
heure de sortie… ͂ »

N. : 50 ans, mariée (son conjoint est ouvrier en intérim en ce moment à Carquefou, à la chaîne), elle est ouvrière en conditionnement au MIN 24 heures /semaine, confinée actuellement : « J’ai un jardin avec enclos, de 150 m2. Tout est sec, il n’y a pas d’eau, ils ont coupé les robinets, je ne peux rien faire. Je ne comprends pas pourquoi c’est coupé ; au supermarché les gens ont un mètre de distance, moi j’ai 150 m2 ! Je peux tourner la terre, c’est plein de poussière mais, sans eau, je ne peux rien… J’y allais presque tous les jours et, avant le confinement, après mon travail le matin. Ça me faisait un peu de sport, ça me changeait les idées ; si l’eau rouvre c’est pour planter des légumes, mais je ne resterai pas là-bas comme je le faisais avant le confinement ».

Au jardin partagé des Escartons (berge Sellier Goudy – Pirmil) :

Nicole, personne âgée, locataire d’un appartement de NMH Goudy, membre fondatrice du jardin des Escartons : « J’ai une question pour la mairie de Nantes : pourquoi des villes des Pays de la Loire ont autorisé le jardinage dans les jardins partagés ou familiaux et pas à Nantes pourtant dans la même zone ? J’aimerais pouvoir venir de temps à autre, par période de 30 minutes, semer des légumes et entretenir un peu ma parcelle. Je suis pourtant une personne à risque (cancer) mais si le jardin instaure un planning pour que les jardiniers ne se croisent pas, cela me permettrait de me changer les idées, de me ressourcer en attendant des jours meilleurs.»

Adrien et Marion, jeune couple habitant en appartement dans une tour de 15 étages, rue Gabriel Goudy , membres du Jardin des Escartons depuis un an : « Nous sommes actuellement et comme tous les Français confinés chez nous depuis presque trois semaines. Notre vie, nos activités, nos emplois se sont arrêtés brutalement. Nous respectons bien sûr ce choix essentiel de l’État qui permettra de venir à bout de ce virus, d’autant plus que je suis diabétique et donc personne à risque. Néanmoins, habitant en appartement, notre seul plaisir actuellement, est de nous occuper de notre petit potager qui se situe dans un jardin partagé. En plus de ça, nous sommes dans une période où les travaux au jardin sont essentiels pour que cet été nous puissions récolter les fruits de nos efforts. C’est pourquoi, nous demandons de nous permettre de pouvoir avoir accès à nos jardins partagés, comme l’ont déjà fait d’autres villes. »

Hélène, personne âgée, locataire d’un appartement de NHM Goudy, membre fondatrice du jardin des Escartons : « Je suis complètement d’accord pour que l’accès au jardin soit à nouveau possible. D’autant plus que c’est le moment de faire nos plantations. Dès la première semaine de confinement (à partir du 16 mars) je me suis rendue au jardin tous les jours. Parfois nous étions deux à travailler et avons strictement respecté les consignes ».

6 réflexions au sujet de “EELV Nantes demande la réouverture des jardins familiaux et partagés

  1. Bonjour,

    Nous sommes jardinier depuis un an sur une parcelle de 140 mètre. Je ne comprend pas, les jardineries sont ré ouvertes et les parcelles de jardin familiaux fermées. Les « riches » qui disposent d’une maison peuvent adoucir le quotidien de confinés par le jardinage, ceux qui sont en appart et avaient la chance d’avoir un petit lopin n’ont qu’à ronger leur frein…et avoir le moral dans les chaussettes entre 4 murs. colère!! On pourrait nous faire confiance quant aux règles de distance sociale.

  2. Bonjour Je suis en colère de ne pouvoir accéder à mon jardin de Malakoff. J’ai attendu 4 ans 1/2 sur une longue liste d’attente pour accéder enfin à une parcelle il y a qq mois. J’y ai donc investi beaucoup de temps à défricher et de l’argent bien sur quand on démarre afin de pouvoir avoir nos premières récoltes maintenant. Avec ma femme et mes 2 grands enfants, nous respectons le confinement à la lettre dans notre appartement au dernier étage et sans balcon! Etant diabétique et donc personne à risque, ma santé m’impose de bouger un minimum et pour moi le jardinage était le moyen de lier l’utile à l’agréable. Depuis le confinement je n’allais au jardin plus que tous les 2 jours et nous avions mis en place avec les autres jardiniers un règlement (jour pair pour les parcelles n° pairs et jours impairs pour les n° impairs) en plus des gestes barrières. Et tout se passait très bien. Nous communiquons par mail si besoin.
    Sur tous les grands journaux télévisés nous voyons depuis l’autorisation d’ouverture des jardineries, les jardins familiaux s’ouvrir les uns après les autres, et ce, partout en France, avec l’évidence qu’il vaut mieux nous voir sortir sans risque de contamination ni contaminer les autres, et de profiter de nos récoltes plutôt que de devoir aller faire la queue dans les supermarchés au risque d’être contaminé. Ça me révolte de voir du haut de nos étages nos récoltes laissées à l’abandon! Mme La Maire, laissez nous nous occuper de notre potager! Nous ne faisons rien de mal!

  3. Bonjour je suis Jacques Dollo président des jardins familiaux de la Roche
    le mois d’avril est un mois important , dans les jardins , il faudrait semer planter
    pour assurer nos récoltes
    Se serait bien si nous pouvions accéder à nos jardins
    Merci

  4. Bonjour, je suis aussi locataire d’un jardin familial.
    Et je ne comprend pas les raisons sanitaires de l’interdiction d’y aller jardiner. Avec un minimun d’organisation et de bon sens, on peut respecter la sécurité sanitaire de chacun.
    Merci de relayer auprès des institutions concernées l’incompréhension et la frustration de jardinier et de citoyen.

  5. Monsieur le Président de la République a demandé lundi 13 avril aux élus locaux de ne pas rajouter des règles contraignantes supplémentaires au confinement, et que les règles déjà mises en place ne seront “ni allégées ni renforcées”.
    Le préfet de Loire Atlantique n’a pas interdit l’accès aux jardins familiaux,… S’agirait-il alors d’une « contrainte supplémentaire » voulue par notre maire ?

  6. Bonjour,
    Merci de faire suivre nos messages de demande de réouverture des jardins familiaux. Pour ma part, je suis en chômage technique et pour une fois, j’ai donc plus de temps pour travailler dans le jardin. C’est vraiment dommage de ne pas profiter de cette période n’est-ce pas, alors que c’est très facile dans un espace ouvert comme celui des jardins, de mettre en place des gestes barrières et mesures spécifiques de respect de distance.
    D’autre part, dans une période difficile comme celle qu’on vit où faire des projets paraît quasi impossible, le jardinage est terriblement thérapeutique.

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