Réchauffons les victimes du froid, pas les terrasses !
Partager

La mesure avait été proposée par la Convention citoyenne mais, comme bien d’autres, elle a été repoussée. Alors que la COP 26 vient de s’achever, c’est un message incohérent qu’ont voté les députés en repoussant à avril 2022, soit
après la période hivernale, l’interdiction du chauffage des terrasses dans les restaurants et cafés. Même au prétexte de soutenir le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Il est vrai que ce secteur a effectivement souffert de la pandémie mais d’autres mesures de soutien – plus cohérentes avec la lutte contre le gaspillage énergétique – sont possibles.

La mode des chauffages de terrasses – essentiellement urbaine – s’est développée après l’interdiction de fumer dans les lieux accueillant du public que sont les bars ou les restaurants. Mais elle a surtout permis d’augmenter l’espace commercial et, donc, la clientèle (et le chiffre d’affaire) de ces établissements en période hivernale.

Certes, les terrasses chauffées ne représentent à elles seules qu’une infime cause du réchauffement climatique mais, comme l’indique Thierry Salomon de l’association négaWat, une terrasse moyenne de 5 m de large sur 15 m de long, équipée de braseros au propane qui délivre une puissance thermique de 8 kW fonctionnant 14 heures par jour durant quatre mois consomme 50 400 kWh par hiver, avec en prime 13,7 tonnes de gaz carbonique émis dans l’atmosphère !

L’équivalent des émissions d’une berline neuve qui roulerait 122 000 km, soit trois fois le tour de la terre au niveau de l’équateur. Pour une seule terrasse…

Interdire les terrasses chauffées relève donc bien de la lutte contre le gaspillage énergétique et, donc, de la lutte contre le réchauffement climatique. Et chacun, désormais, s’accorde sur l’urgence qu’il y a à agir en ce sens…

Une terrasse chauffée, c’est aussi un symbole : celui d’une société qui accorde à celles et ceux qui peuvent consommer, qui en ont les moyens, un confort auquel nombre de personnes à la rue ne peuvent accéder. Sans oublier celles qui ne sont pas à la rue mais qui de plus en plus nombreuses n’arrivent plus à payer leur facture de fuel, de gaz ou d’électricité.

Lors de la campagne des élections municipales, à propos de l’interdiction des terrasses chauffées, Johanna Rolland, maire de Nantes, avait dit vouloir travailler sur ce sujet, en concertation avec les commerçants. Visiblement, ce sujet n’a toujours pas été mis sur la table. Sans concertation avec les élu·e·s écologistes, la Ville de Nantes a maintenu les autorisations. On aurait pu espérer plus de courage et de détermination de la part de la maire de Nantes pour tenter de tenir, via une mesure simple et de bon sens, ses engagements climatiques. Bien sûr, il faudrait préalablement engager une concertation avec les commerçants et les consommateurs. Il serait ainsi intéressant d’impliquer les citoyens commerçants et clients – et de faire appel à leur sens des responsabilités. D’autant plus qu’il existe des solutions. En Allemagne, pays au climat plus froid, de nombreuses villes ont opté pour d’autres choix, en proposant par exemple des plaids aux clients. Plus proche de nous, Rennes a été la première municipalité, en France, à instaurer cette interdiction depuis le 1er janvier 2020. Et, à Nantes, certains commerçants se refusent à installer des chauffages de terrasses.

Les écologistes nantais d’Europe Écologie – Les Verts (EELV) appellent tous les commerçants à ne pas sortir les braseros. Nous demandons également aux consommateurs de préférer les écharpes, pulls et autres couvertures pour leurs moments de convivialité en extérieur. Nous saluons et invitons à généraliser les initiatives déjà visibles sur certaines terrasses de la ville où coussins et couvertures sont à la disposition des clients.

Des alternatives sont possibles. Chaque geste compte. C’est ensemble que le changement est possible.