Dans les Pays de la Loire, des plans de formation plutôt que des licenciements
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Source : www.lemonde.fr

 

Nantes, correspondant – Bertrand Gautier, délégué syndical CFDT au sein de la Société d’applications hydrauliques (SAH) Leduc, entreprise de fabrication de vérins implantée à Ligné (Loire-Atlantique), estime que son patron a « plutôt bien géré la crise » survenue en 2008. La société, qui comptait 480 salariés – intérimaires compris – avant la dépression économique, n’a pourtant pas échappé à un dépôt de bilan, et à des licenciements.

 

« En mars 2008, le chiffre d’affaires de l’entreprise était de 63 millions d’euros, rapporte David Valton, responsable des ressources humaines. On a connu une baisse d’activité sans précédent. Un an plus tard, le chiffre d’affaires est tombé à 42 millions, puis encore à 18 millions. » Les contrats précaires ont d’abord trinqué. Puis une centaine de départs – volontaires ou forcés – ont été ordonnés. Mais à défaut de miracle, « la boîte a limité la casse », relève M. Gautier, qui exerce le métier de tourneur.

 

ALTERNATIVE AU CHÔMAGE PARTIEL

La société Leduc a été l’une des premières à bénéficier du fonds régional de sécurisation de l’emploi par la formation. Le dispositif, étrenné en mai 2009 dans le cadre d’un vaste plan anticrise, entendait alors se poser comme une alternative aux mesures de chômage partiel et surtout aux licenciements.

Il a été impulsé par les partenaires sociaux et la région des Pays de la Loire, avec le soutien de neuf organismes paritaires collecteurs agréés ainsi que de l’Etat. « Le pari consistait à profiter du trou enregistré dans les carnets de commandes pour lancer un plan de formation exceptionnelle dans toutes les entreprises, explique Jacques Bordron, de l’union régionale CFDT. Plutôt que de se voir mis à la porte, les salariés sont partis en formation. »

Un dispositif reconduit « L’objectif, c’était de préserver l’emploi au maximum en aidant les entreprises à conserver leurs compétences, abonde Jean-Philippe Magnen, élu Europe Ecologie-Les Verts (EELV), vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, chargé de l’emploi et de la formation professionnelle. Face à l’ampleur de la crise, la région a opté pour cet engagement inédit, au-delà de ses compétences traditionnelles en matière de formation professionnelle. »

 

140 ENTREPRISES CONCERNÉES

A Ligné, l’intégralité du personnel travaillant en atelier, soit 282 employés, a ainsi repris classeurs, crayons et cartables durant trois semaines. Près de 40 000 heures de formation ont été dispensées, soit un budget d’un million d’euros. Avec à la clé, pour une écrasante majorité, l’obtention d’un diplôme.

« 30 % de nos salariés n’avaient aucune formation qualifiante dans le métier qu’ils exerçaient, indique M. Valton. Ces temps de formation ont permis de revoir les bases du métier, de mettre à plat les impératifs d’organisation dans la production industrielle, d’échanger sur les bonnes pratiques, et de développer la polyvalence des postes. Tout en redonnant du rythme au sein de l’entreprise, en pleine tourmente. »

Près de 140 entreprises, soit un total de 5 700 salariés, ont bénéficié de ces sessions dans les Pays de la Loire. Le dispositif a mobilisé quelque 30 millions d’euros. A Saint-Nazaire, les chantiers de construction navale STX ont mis à profit ce dispositif pour amorcer le virage de l’éolien offshore.

En janvier 2011, la région a reconduit le dispositif. Désormais baptisé plan de continuité professionnelle, il cible prioritairement les petites et moyennes entreprises, sous-traitants de grands donneurs d’ordres. Ce nouveau pacte, doté de 4,2 millions d’euros, vise à accompagner 10 000 salariés d’ici à la fin 2013. « A l’heure du sommet social, le gouvernement serait bien avisé de s’inspirer des solutions anticrise qui ont fleuri dans les régions », énonce  Jean-Philippe Magnen.

Lire l’article dans son contexte :

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/01/17/dans-les-pays-de-la-loire-des-plans-de-formation-plutot-que-des-licenciements_1630657_823448.html